La diversité des profils sollicités, réunis par groupes de six à dix personnes, a permis de réaliser une approche scientifique, basée sur une méthode d’analyse en groupe. Celle-ci a pour particularité d’associer les participants concernés par le sujet de l’étude à l’ensemble de la démarche, du début jusqu’à son terme. Concrètement, les groupes constitués ont analysé collectivement des situations d’accidents, à partir des récits des participants et de ce qu’ils en disent. Cette approche spécifique d’une situation imprévisible, quel que soit le niveau d’expérience du conducteur, a contribué à catégoriser les éléments qui sont sous le contrôle du motard et ceux qui ne le sont pas. Les notions de prise de risque, de rapport à la loi, de l’influence du regard des autres motards, ont été au cœur des débats. À l’issue de ceux-ci, et toujours avec la participation active des participants, le sociologue a pu réaliser un inventaire des points de divergences et de convergences, afin d’élaborer un schéma de synthèse. Des hypothèses ont alors été explorées et discutées au sein des groupes. D’autres entretiens individuels ainsi que la mise en place d’un groupe sur les réseaux sociaux ont permis d’affiner et de valider ces hypothèses afin de formuler les conclusions de cette étude exploratoire.
La problématique posée au départ de l’étude, estimant que la séniorisation des motards a une influence sur leur comportement sur la route, est invalidée par les hypothèses retenues au terme de ces travaux de recherche. Ainsi, associer le critère de l’âge au niveau d’expérience de conduite acquise sans autre forme de précaution s’avère trop superficiel. En effet, cette position éluderait la question des conducteurs novices ayant débuté la pratique du deux-roues motorisé vers la quarantaine et plus. Or, ceux-ci sont de plus en plus nombreux du fait de la prédominance des usages de loisirs et ils partagent les mêmes niveaux de risques que leurs congénères plus jeunes, sans aucune forme de différenciation dans leur façon d’aborder une situation accidentogène. Ceci démontre que dans tous les cas, les premières années de conduite sont les plus accidentogènes, quel que soit l’âge du conducteur.
La distinction entre motards s’opère donc davantage entre ceux que l’on peut qualifier d’expérimentés par rapport à ceux qui sont en phase d’apprentissage. Pour autant, ces deux catégories n’ont pas une approche fondamentalement différente du rapport au risque ou à la loi. Certains motards expérimentés se laissent toujours griser par leur passion sans pour autant renier l’expérience acquise. Les novices comme les motards aguerris se rejoignent aussi dans leur relation au groupe et aux autres usagers de la route.
Une approche serait donc de distinguer les motards qui doivent encore élever leur niveau de pratique et d’expérience de ceux qui devraient plutôt profiter de clés d’analyse pour une meilleure mise en perspective de leur niveau d’expérience. L’étude menée a donc permis de démontrer scientifiquement qu’aucune mesure particulière en matière de prévention des risques routiers à destination des motards ne se justifie réellement sur la tranche d’âge des 40 ans et plus.
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